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Les pousse pousses élevés au rang de Dysneyland

L’autre jour, je me promenais en scooter du côté de Houhai.

Il faisait un bon froid d’hiver pékinois, avant un vent glacial du désert de Gobi, mais un grand et franc Soleil comme je les aime… Cela faisait longtemps que je n’étais pas allé voir les berges de Houhai (au nord de Qian Hai) ni celles de Xi Hai (d’ailleurs je crois même que c’était la première fois que j’en faisais le tour..;)

Les nouveautés que les Jeux Olympiques de Pékin ont apportées sont immenses :

  • Les hutongs bordant les ruelles ont été restaurées (globalement, en très bien)
  • Ces mêmes rues, autrefois de boue, sont aujourd’hui de goudron recouvertes (ce qui est certes mieux pour les habitants, mais enlève beaucoup de leur charme..)
  • Des enseignes « Visa » ont fait leur apparition aux portes de tous les petits bars (mais c’est pas trop mal fait, cela ne choque pas vraiment)
  • etc…

Mais surtout, on ne trouve plus de marchands du rue (ou très peu) ni de charlatans avec leur poudre miraculeuse, ni même de rickshaw (pousse pousse, san huan bao en chinois).. En effet, depuis le mois de mai, tous les petits métiers ont été priés de quitter les lieux touristiques, si ce n’est la ville elle-même, afin  de ne pas déranger le touriste dans sa quête de découverte de la capitale d’un pays à l’histoire plusieurs fois millénaire…
Je suis sarcastique, mais c’est un peu vrai quand même. J’ai vu plusieurs fois des pousse-pousses confisqués par la Police, car leur propriétaire n’était pas duement autorisé à exercer ce métier…
Bref, en Chine, il n’y a pas de problème, que des solutions. Il suffit de créer une nouvelle plaque d’immatriculation pour les pousse-pousses  (véridique !!) et de les faire tous identiques, leur faire payer des taxes, fixer un tarif comme pour les taxis, et le tour est joué !
Oui, le tout pour étancher la soif des touristes (chinois pour la plupart) des hutongs.
Car maintenant, il existe des parcours types pour déambuler (pardon, que dis-je, suivre des dizaines de pousse-pousses devant soi) dans les ruelles encore préservées (refaites à neuf).
Bref, l’authentique a laissé (contraint ) sa place au faux, au simulé, à l’organisé, et l’on se croirait vraiment, les dimanches ensoleillés, à Dysneyland, avec des files de dizaines de pousse-pousses qui se suivent, emportant leur lot de photographes du dimanche ravis de voir l’authentique Pékin préservé….

Et moi, pendant ce temps là, j’enfourche mon scooter et pousse plus loin dans les ruelles, où personne ne s’avanture jamais, et je jouis de Pékin, j’en jouis tellement que je recommence tous les week-ends, seul, je pars, au hasard des rues, les odeurs comme guide, les couleurs comme boussole…. et je prends mon vent de Gobi dans le visage, et j’absorbe ce Soleil qui m’assèche la peau, mais chauffe mon coeur..
Bref, Pékin je t’aime, et je ne veux pas te quitter…