Le mariage de Tuya, de Wang Quan’an : ours d’or au festival de Berlin

Dans ma sélection cinéma cette semaine, le Mariage de Tuya.

Dans la même veine que Tulpan, ou Le Chien jaune de Mongolie (article à venir), le Mariage de Tuya raconte des vies simples, dures, dans une Asie en pleine ébullition qui oublie parfois dans son développement économique les traditions ancestrales de ses habitants.

Synopsis

Au cœur de la Mongolie chinoise, Tuya se bat pour faire vivre ses enfants et son mari paralysé. Afin de résoudre ses problèmes financiers, le couple se résout au divorce. Tuya devra trouver un nouveau mari, à la seule condition que celui-ci accepte de supporter toute sa famille, y compris son premier époux. Le défilé des prétendants commence alors…

Avec comme seule actrice professionnelle Yu Nan (qui tourne ici pour la troisième fois avec le réalisateur Wang Quan’an, et qui avait joué dans Fureur en 2003 avec Samuel Le Bihan), le film vous pénètre par tous les sens. La beauté des paysages arides de la Mongolie intérieure (voir notes en bas d’article sur cette province chinoise), les musiques traditionnelles, la tristesse de la vie de ces bergers nomades sont autant d’ingrédients qui ont permis au film d’obtenir l’Ours d’Or à Berlin en 2007.

Même si l’histoire est classique, l’interprétation des acteurs (véritables bergers, notamment Bater le mari et Sen’ge) est une performance. Simplicité, profondeur, sens du sacrifice mettent le rôle de Tuya au centre de l’histoire de manière naturelle.
A la fois épouse dévouée, maman attentionnée mais dure, amante potentielle, son caractère de cochon, sa vitalité mise  au service des autres, Tuya est typique des femmes d’Asie centrale, dure et douce à la fois.

Voici ce que dit le réalisateur sur son film

ma mère est née en Mongolie intérieure, tout près de là où nous avons tourné le film. C’est pourquoi j’aime tellement les Mongols, leur vie et leur musique. Lorsque j’ai entendu que de violentes expansions industrielles avaient encore plus asséché le pâturage et que les administrateurs locaux forçaient les bergers à quitter leurs terres natales, j’ai décidé de faire un film qui laisserait une trace de leur mode de vie, avant que tout cela ne disparaisse pour toujours. » Et d’ajouter : « priver les Mongols de leur vie de berger signifie la disparition imminente de la culture mongole. Je le déplore. L’endroit où s’est déroulé le tournage connaît actuellement cette mutation. »

La Mongolie intérieure

Le film a été tourné en Mongolie intérieure, une région froide et désertique située au nord de la Chine, et qui représente 12% de la superficie totale du pays. Soit à peu près l’équivalent de la France et de l’Espagne réunies. Parmi les 49 nationalités occupant ce territoire, les Mongols constituent la plus large ethnie vivant en Mongolie intérieure. Ils vivent en nomades et d’une économie pastorale depuis des siècles. Comme leurs ancêtres, ils vivent dans des huttes faites de bois léger et arrondies; qui leur permettent de résister aux vents violents et qui sont plus facilement transportables. Région particulièrement riche en charbon, gaz naturel et minerais, la Mongolie intérieure est une cible de choix pour le gouvernement chinois qui souhaite la mettre en valeur; au détriment des populations locales et de leur mode de vie traditionnel.
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