Sur l’article d’un étudiant chinois, les commentaires suscités et la réponse de Laurent Devaux

Chers lecteurs, voici un article qui n’est pas de moi, ce qui me ravit, car il a été écrit et envoyé par un fidèle lecteur, dont j’ai accepté avec plaisir de publier ici l’intégralité de sa réponse à l’article sur la France vue par les Chinois.

Article de Denis Lejeune

A vous de lire et de réagir !

Sur l’article d’un étudiant chinois, les commentaires suscités
et la réponse de Laurent Devaux

Cher Laurent,

J’ai lu avec attention ta réaction parue sur french.peopledaily, et voudrais soulever quelques points la concernant.

Je suis avec toi, les insultes sont déplacées. Rassure-toi cela dit, la France n’a pas la primeur de la bêtise, des insultes et autres raccourcis (idem du massacre orthographique) – même là, nous ne sommes pas leaders mondiaux… Les sites anglophones en regorgent, sans parler du côté chinois, bien entendu. Tu sembles t’étonner que Libération autorise la publication de tels commentaires. La liberté d’expression est une belle chose, souvent abusée certes, mais enfin c’est un bien chèrement acquis qu’on ne doit pas supprimer sous prétexte que quelques imbéciles amoureux d’anonymat la font rougir. D’un autre côté, si tu connais aussi bien la Chine que tu le prétends, tu sauras que les journaux, chaînes de télés et blogs chinois ne sont pas avares d’insultes, de caricatures et de paroles délictueuses non plus, et ce en particulier quand il s’agit de pays étrangers ayant « heurté les sentiments chinois » (comme quoi on n’a pas besoin de liberté d’expression pour être réducteur et malpoli). As-tu, accessoirement, déjà demandé à un local ce qu’il pense des japonais ? Ou des coréens ? Et ce local, choisis-le de telle sorte qu’il représente la majorité, et non pas la fraction « éclairée ». Une de mes collègues, une chinoise qui a pourtant passé près de dix ans en Grande-Bretagne, éduquée, et normalement mesurée, m’a un jour évoqué les japonais dans des termes qui rappelaient un nazi mal informé parlant des juifs.

Les commentaires de l’étudiant chinois, tu expliques, sont des impressions, et il ne prétend pas détenir la vérité. Tout à fait d’accord, de toute façon qui la possède, la vérité, dans ce genre de choses ? Chacun parle d’un pays étranger à partir de ses impressions. Si ton expérience de la Chine est excellente, j’en suis fort aise pour toi. Pour ma part, elle est loin de l’être, et plus je découvre ce qui fait de la Chine ce qu’elle est, moins je semble l’apprécier. Je veux bien croire que ça te dérange, mais c’est un fait, que je ne cherche d’ailleurs aucunement à faire partager, de la même façon que toutes les louanges ne me convertiront plus. Il y a évidemment de belles choses en Chine, mais les impressions ne trompent pas son homme, car c’est le seul outil dont il dispose pour passer jugement.

Tu évoques les voyages organisés. Comme moi, tu sais sûrement que ces voyages rallient les points les plus fameux du pays, les plus touristiques, les plus édulcorés, les moins « réels ». Autrement dit, ils constituent une série d’images d’Epinal, encadrés par un timing serré et des œillères évidentes. Personnellement, je trouve donc assez parlant que des gens ayant participé à ces tours best of puissent en revenir avec une mauvaise impression. Ils devraient en revenir émerveillés, et pourtant ils en ont vu suffisamment pour se permettre de lancer des insultes.

Ma mère a pris part à un de ces voyages. Elle a en pris plein les yeux, dans le bon sens, elle. Quand, à la fin du tour, elle est venue me voir chez moi, à Chongqing, j’ai tenu à lui faire voir ce que les agences de voyage passent sous silence, c’est-à-dire la vraie Chine. Elle en a été malade. Physiquement. Et pourtant elle a fait la Casamance, la Mauritanie, le Cap Vert et autres.

Je veux bien croire que tes amis forment une bonne impression de la Chine en venant te voir. Mais peut-être est-ce une impression que tu formes pour eux, que tu sélectionnes. Les as-tu amené dans les toilettes privées d’un hutong ? Ne serait-ce que dans les hutong non touristiques ? Ou dans les banlieues populaires de Beijing ? Dans les repères de travailleurs migrants ? Mes amis, je cherche pour ma part à leur montrer ce que la Chine veut être, mais aussi ce qu’elle est encore. Les deux côtés. Ils font leur choix ensuite.

Tu parles de remonter le temps pour découvrir une France différente. Ca ne fait pas de doute, mais en quoi est-ce que ça change quoi que ce soit à la Chine d’aujourd’hui ? L’année, 2010, est la même pour tout le monde, que ce soit à Toulouse, Lima ou Urumqi. Tu le dis toi-même, la Chine est une vieille civilisation, prédatant d’ailleurs la judéo-chrétienne. Pourquoi aurait-on tort de rapporter ce qu’on voit en Chine aujourd’hui, les impressions qu’elle nous fait ? Si la Chine d’aujourd’hui ressemble par bien des côtés à la France d’il y a cent ans, où est le mal à le dire ? Etre mesuré dans ses propos n’interdit pas d’être un tant soit peu objectif. Tu évoquais Montesquieu : n’a-t-il pas été un de ceux à proposer une vision objective de son pays (assumée par un étranger, justement), peu élogieuse, dans ses Lettres persanes ? L’a-t-il fait par racisme anti-français, ou dans l’espoir que ça fasse réfléchir les locaux, que les choses, peut-être, avancent ? Chaque jour, sur la première page du Canard enchaîné trône cette magnifique phrase : « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ».

Je voudrais aussi insister sur un point important : l’argument de vieille civilisation n’est pas une réponse, bien au contraire. C’est même plutôt un mystère. Mystère que la Chine en soit encore là en 2010. Après tout, elle est une des plus vieilles, et comme l’a montré l’historien des sciences Joseph Needham elle a fait un nombre incroyable de découvertes scientifiques et techniques. Oui, jusqu’au XVIIème siècle. Ensuite, elle s’est refermée sur elle-même, a cessé d’innover, et s’est faite dépasser par à peu près tout le monde (je fais remarquer que ce n’est pas de moi, c’est la fameuse Needham question, autrement dit la question d’un amoureux de la Chine). Ses illusions de grandeur ont pris une grosse claque quand les occidentaux ont frappé à sa porte au XIXème, et depuis elle essaie de refaire son retard. Les thuriféraires de la Chine ont beau jeu de tout mettre sur le dos du communisme, mais c’est une piètre excuse. Les chinois se sont complu dans leur propre civilisation, ont dévalué l’innovation dès les années 1700. Je n’émets pas de jugement sur la chose, c’est un choix civilisationnel, mais il est trop facile de prétexter que tout est de la faute du monstre colonialiste, et factuellement erroné d’impliquer que l’Empire du milieu a toujours été en retard sur l’Occident (encore une fois, jusqu’au XVIIème c’était une civilisation phare, bien plus avancée que l’Europe). En fait, les historiens s’accordent pour dire que ce sont les guerres de l’opium, le contact belliqueux avec l’Occident (et le Japon et la Russie, eux aussi bien plus avancés à cette époque), qui ont forcé la Chine à sortir de sa torpeur. Quant au communisme, ça a été un autre choix local, donc il faudrait faire preuve d’une scholastique certaine pour déplorer ses effets comme s’ils venaient d’ailleurs. Après tout, l’adage ne dit-il pas qu’on n’a que ce qu’on mérite ?

Mais je reviens à Montesquieu… Et tu évoques aussi Voltaire. Un autre point important de ta réaction qui, il me semble, fait perdurer un mythe aussi durable qu’inutile. D’abord, à moins que je ne me trompe, aucun des deux n’a mis les pieds en Chine. Nonobstant ils en parlent, et tu sembles les cautionner, quand bien même tu reproches aux français actuels de parler sans savoir. Voltaire, Montesquieu et beaucoup d’autres ont lu des livres et entendu des récits se rapportant à la Chine (ils n’avaient même pas le luxe du resto de Li xiansheng), et qu’ils soient de grands écrivains ne fait pas de leur plume une plume d’évangile pour autant. L’autre problème lié à Voltaire et Montesquieu en la matière, étroitement corrélé au premier, est qu’ils parlent d’une Chine qui existait peut-être à l’époque, mais n’a strictement rien à voir avec la réalité actuelle. Du coup, les citer comme exemple me paraît doublement litigieux.

Les français, et le monde en général, sont nourris de clichés positifs sur la Chine depuis leur plus jeune âge, par le biais de films, livres, contes, poèmes. Je le sais bien, j’en ai été la victime. Sans croire bêtement que tout serait comme dans une jolie peinture à l’eau, je pensais que j’allais retrouver quelque chose, un je-ne-sais-quoi, s’y rapportant. Ca fait trois ans que je cherche. Et j’ai visité vingt provinces, municipalités et régions autonomes chinoises. On a un jour demandé à Gandhi ce qu’il pensait de la culture anglaise. Il a répondu : it would be nice (« ce serait bien »). Si tu me demandais ce que je pensais de la culture chinoise actuelle, je te dirai la même chose exactement.

Ce qu’on voit de la Chine en Occident n’a rien de commun avec ce qu’est la Chine chez elle. Les antiquaires chinois de Paris, par exemple, sont des lieux de raffinement, subtils, équilibrés, tamisés. Les équivalents sur le territoire chinois, à part quelques exceptions dans les îlots « internationaux » que sont Beijing, Shanghai et Hong Kong et quelques autres villes, n’y ressemblent en rien. En général, la perception issue de l’intéraction avec la « Chine » (tu parles de musées, spectacles) en Occident tient en des mots tels que « subtil », « discret », « élégant » et autres termes se rapportant au même champ lexical. Je suis désolé de te dire que, d’après mon expérience, ce sont des termes strictement antinomiques de la Chine actuelle. S’il existe des choses subtiles, élégantes et discrètes, elles sont étouffées par le bruit ambiant, les cris, les lasers, les crachats gutturaux, les wei téléphoniques, les disputes publiques, l’or et le rouge archi-dominants, les vendeuses qui frappent dans leurs mains et/ou hurlent pour attirer le client, les mégaphones des supermarchés, j’en passe et des plus bruyants. Elégance ? L’architecture, sauf si elle est dessinée par des étrangers (les stades olympiques, les tours CCTV de Beijing, l’opéra et le musée des sciences de Chongqing), est une insulte au patrimoine chinois passé, et malheureusement défunt – celui qui devait avoir du charme, une mystique. Immeubles gris et mal faits, villas italiennes de toc, colonnes grecques en plastique, dorures renaissance, mobilier chic d’un mauvais goût redéfinissant le mauvais goût, aménagement urbain souvent déplorable, destruction des seules belles traces qui restent (Kashgar, vieux quartiers de Chongqing, Jinhong au Xishuangbanna…), et la liste continue.

Dans le même registre, j’aimerais attirer ton attention sur Lijiang, dans le Yunnan. Ville traditionnelle chinoise, jolie, voire très jolie, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Depuis qu’elle a acquis ce statut, le tourisme de masse s’y engouffre. La ville nouvelle l’encercle jusqu’à l’étouffer. Chaque maison de la vieille ville est devenue un magasin, un restaurant, un hôtel, bref une entreprise, un fier enfant de ce cher capitalisme qui n’existe pas en Chine. C’est beau, mais ça n’a pas d’âme, ça regorge de groupes de touristes coiffés de casquettes fluorescentes devancés par un guide armé d’un mégaphone ; c’est beau comme une copie de la Joconde, interchangeable, reproductible et cheap. Des femmes miao sont payées pour danser sur la place centrale tous les jours – ce qui rappelle le vrai faux village dong du Xishuangbanna où le festival de l’eau est rejoué chaque jour pour le plus grand bonheur des visiteurs. Quand on sait par ailleurs que Lijiang est en fait une nouvelle vieille ville, reconstruite après sa destruction, on peut être enclin à penser qu’on s’est égaré dans un Disneyland. Avec « des caractéristiques chinoises » certes, mais un faux nonobstant.

Maintenant, compare Lijiang à une autre ville UNESCO située à quelques heures de route seulement du Yunnan : Luang Prabang, au Laos. C’est simple, à côté de Luang Prabang Lijiang est un monstre, dysfonctionnel, usurpé, creux, sans âme. Luang Prabang vit, respire, se soigne ; pas de mégaphone, pas d’overcraft sur le Mékong, les touristes logent au milieu d’une vraie vie et d’une vraie ville, ponctuée de temples actifs, de restaurants internationaux variés, de logements locaux, de calme, de délicatesse. Si la plupart vivent du tourisme, tout n’est pas défiguré par l’urgence de l’enrichissement et le mercantilisme. Luang Prabang n’est pas entourée par des gratte-ciels poussiéreux mais des villages authentiques, vivants, colorés, à l’architecture traditionnelle préservée et mise à jour. Des montagnes visibles, la jungle, des cascades. Il y existe un équilibre palpable entre l’homme et la nature, culture et nature, et la seule chose qui me fasse peur, franchement, est que Luang Prabang soit aussi proche de la Chine, une aussi facile proie à son mode de développement que je trouve personnellement catastrophique, aveugle et grossier, avilissant (je me permets de faire remarquer que le Laos a traversé bon nombre des problèmes qu’a connu la Chine elle aussi : colonialisme, communisme, dictature – autrement dit ce qui arrive à la Chine actuelle n’est pas une fatalité, c’est bel et bien un choix). Je ne veux pas m’étendre d’avantage sur la question, mais enfin il y aurait aussi énormément à dire de l’île de Hainan, en particulier mise en regard de celle de Bali, dont les atouts sont assez similaires. Encore une fois, le jour et la nuit, le yin et le yang, et clairement pas en faveur de la Chine (sauf, bien sûr, si l’idéal est de transformer une splendide île tropicale en forêt de HLM).

Comment expliques-tu qu’un pays à l’histoire et à la culture si riches se poignarde aussi allègrement dans le dos ? Le Corbusier avait suggéré qu’on détruise Paris intra muros pour y construire des tours cruciformes. Ca n’a pas marché, donc il est venu dans l’Empire du milieu. En Chine, le Corbusier est maître, et il a fait bon nombre de petits. Des Paris disparaissent tous les jours, et personne ne s’en inquiète. Dans le même temps la communauté internationale hurle au scandale quand les Talibans font sauter les bouddhas de Bamiyan. Ici la vieille ville de Kashgar est détruite sans que personne ne sourcille, quand bien même c’est à mon avis un crime d’importance égale, voire supérieure dans le sens où des gens y vivent. Pour le coup ces assassinats quotidiens ne sont pas une impression mais un fait, et oui, ça me met hors de moi, j’en veux aux chinois de laisser faire sans broncher, je leur en veux de scier la branche sur laquelle ils sont assis, ou plutôt l’arbre (leur propre histoire et héritage) au sommet duquel ils marchent les yeux bandés. La barbarie vit dans le présent, explique Comte-Sponville. A mes yeux, la Chine insulte son histoire et son patrimoine, elle les bafoue, fait acte de barbarie envers elle-même. Il faudrait entendre ce que dirait un psychiatre de ce genre de mutilation volontaire.

Au passage, Beijing n’est pas la Chine. Ou plutôt, certains endroits de la ville pourraient certes se trouver partout ailleurs dans le pays, mais plusieurs autres, ceux où se trouvent normalement les étrangers, expatriés et touristes, sont ceux d’une projection, d’une utopie de la Chine. Nullement un reflet fidèle des quelques 1,280 milliards de chinois que Beijing n’héberge pas. Je connais un superbe restaurant franco-vietnamien à côté de la tour du tambour. Je peux te citer une centaine, voire un millier d’autres villes chinoises qui n’ont jamais vu la couleur du mélange, ou même des deux composants séparés. Pareillement, j’en ai traversé des villes où il est impossible de trouver un simple café. A Beijing, comme dans quelques autres villes, se trouvent juxtaposés deux mondes, la vraie Chine et la vraie internationalité, ce qui est fort agréable (tu vas de l’une à l’autre en fonction de tes désirs). Mais ce n’est certainement pas la réalité dans d’innombrables autres, y compris Chongqing. Alors quand tu dis que tu vas faire changer les volontaires d’avis sur la Chine en leur faisant visiter Beijing, je te conseille amicalement de ne pas généraliser. La librairie de langue anglaise la plus proche de mon appartement est à 300km. Pour ce qui de livres français, il me faut deux heures d’avion…

Tu entreprends dans ta réponse d’infirmer certains clichés ayant traits aux chinois. Il est bien sûr tendancieux de dire, par exemple, que tous les chinois sont sales. Mais je m’estime dans mon droit de rapporter que j’ai croisé et rencontré une proportion bien plus conséquente de personnes dégageant une odeur peu agréable en Chine qu’en Europe, Moyen-Orient et partout ailleurs en Asie (Sri Lanka, Bali, Malaisie, Singapour, Laos, Cambodge). Que ça plaise ou non, l’hygiène personnelle est conçue différemment ici, pour x raisons. Encore une fois, je ne juge pas, je rapporte un fait. Il arrive assez fréquemment que les haleines demandent de détourner la tête. J’ai dansé avec trois chinoises dont les cheveux avaient une forte et fort désagréable odeur – en trois ans ; ça ne m’est jamais arrivé en 30 ans en France ou en Grande-Bretagne, pourtant j’y ai dansé avec plus de monde. Dans le même genre, il n’est pas rare que des odeurs de vieille transpiration s’imposent. Et je ne parle pas de la cigarette omniprésente. Encore moins des croyances attachées à la grossesse, qui imposent entre autres à la fraîche maman de ne pas se laver pendant le mois qui suit l’accouchement.

L’accueil. Tu as raison de dire que l’abord est plus direct avec les chinois. Il est facile de discuter, de joindre un groupe, d’engager la conversation (si on ne s’offusque pas des « laowai » et rires liminaires). Mais enfin tu regrettes les généralisations abusives, quand bien même tu en es aussi coupable dans les deux exemples que tu donnes. Personnellement, je n’ai pas été impressionné (euphémisme) par la politesse de monsieur tout le monde. Si tu fais tes courses dans les « magasins de quartier », c’est-à-dire en dehors des quartiers chics et des grands magasins, je serais très étonné que tu sois reçu par un grand sourire, bonjour-merci-au revoir. Les magasins locaux, je les pratique, et il m’a fallu un an pour réussir à faire dire ni hao à la vendeuse de l’échoppe de ma résidence. Encore quelques mois et elle est parvenue à esquisser un sourire. Et cela, je le sais, parce que je suis un laowai. Le contact chinois-chinois est glacial à la puissance deux, et ferait presque regretter une bonne vieille porte de prison française. Et je ne parle pas du statut des serveuses, non ming, bangbanr et autres sous-fifres, qui font journellement l’expérience de la méprise des plus fortunés.

Concernant l’exemple du restaurant où tu manges à l’œil, j’ai le même. J’étais dans un restaurant, je mange, souris à quelques-uns des clients alentours. Quand j’ai fini, je me lève pour aller payer, mais la serveuse me dit qu’un des clients aperçus plus tôt a réglé mon addition. C’était en Ecosse, un pays réputé pour être près de ses sous, radin. Est-ce que cette anecdote enterre définitivement l’idée généralement acceptée (même par les intéressés eux-mêmes) que les écossais regardent de près à la dépense ? Je m’en voudrais de prendre parti dans le débat, mais tout ça pour dire que les exemples, s’ils sont des exceptions, ne sont justement pas de règles, et pas même des tendances.

Le Xinjiang et le Tibet. Comme partout, si on remonte assez loin on trouvera toujours un temps où telle partie d’un pays ne lui était pas intégrée. D’ailleurs, comme définis-tu « appartenir à un pays » ? Le Xinjiang et le Tibet ont à des époques différentes été indépendants, non chinois, ça c’est un fait. Comme la Corse a un jour été italienne, l’Alsace allemande, la Louisiane française. A une époque, la Chine n’était d’ailleurs même pas chinoise… Le problème n’est pas là à mon avis. Il tient plutôt au fait que les tibétains et les ouighours (ainsi que d’autres minorités ethniques non assimilées) ne sont pas des citoyens à égalité avec les han. Il tient aussi au fait que le gouvernement hanifie de force ces provinces qui ont pourtant des identités propres fortes. Il tient encore au fait que les médias chinois fabriquent et diffusent les informations qui leur plaisent. Tu objecteras que les médias occidentaux sont loin d’être objectifs eux-mêmes, mais enfin l’Occident autorise, lui, les opinions contraires, les voix indépendantes, voire dissidentes (le Canard enchaîné par exemple, ou Libération, ou tel et tel écrivain, penseur, agitateur). En Chine, le dalaï lama est l’incarnation du diable, et personne ne tempère le message officiel, ou alors juste avant un accident malencontreux.

Il est peut-être difficile de se faire une idée précise des choses en Occident du fait des avis contradictoires. Mais je préfère encore le trop d’information aux œillères du ministère de la censure chinois, qui chaque jour que Mao fait envoie à chaque organe de presse du pays une liste des sujets qu’il est possible d’aborder, en même temps que de ceux qu’il faut passer sous silence. Fait, à nouveau. 1984 n’est pas qu’un roman.

Quant à ton paragraphe sur la liberté, je me permets de te dire, respectueusement, qu’il m’a fait sourire. As-tu essayé de te rendre dans une partie tibétaine (Yunnan, Sichuan, Gansu, Tibet) lors des « événements » tibétains ? Moi oui, et bizarrement il n’y avait pas de vol (ou de siège), et des checkpoints étaient plantés un peu partout. Une relation tibétaine a un jour demandé que je lui prête des livres occidentaux sur le dalaï lama. Quand je les lui ai donnés, j’avais l’impression de livrer la formule chimique du coca cola à Pepsi, et je me suis demandé toute la nuit si elle se réveillerait. As-tu essayé d’aller au Xinjiang pendant les soulèvements de 2009 ? Si tu y étais, as-tu réussi à parler à beaucoup de ouighours ? A Chongqing, j’ai été suivi quelques fois. Mon appartement visité au moins à deux reprises. Bien sûr toute activité sur internet est surveillée et filtrée, et si tu veux aller dans un café internet, où que ce soit en Chine, tu dois donner ton passeport (les chinois une pièce d’identité). On m’a offert une clef USB pourvue d’un émetteur. Des policiers en arme m’ont forcé à effacer des photos parce que j’avais croisé un groupe de forçats, un état de fait rendu illégal par le gouvernement il y a quelques années. Demande aux journalistes occidentaux quelle est leur marge de manœuvre en Chine. Demande combien n’ont pas réussi à obtenir de visa. Demande aux missions diplomatiques, officieusement, comment se passent leurs rapports avec les départements gouvernementaux : les visites officielles, par exemple, ont-elles les coudées franches, ou le parcours est-il imposé par le Parti ?

As-tu parlé de Mao avec des chinois ? Combien s’en sont plaint ? Tu me diras qu’ils ne savent pas la vérité sur la question. Première preuve que la liberté, celle d’information, est strictement verrouillée. S’ils ont eu vent de ses frasques et autres erreurs, combien accepteront d’être filmés en le vilipendant ? Et compare cette proportion à celle de français prêts à rendre à Sarkozy son fameux « ta gueule connard » devant les caméras.

Explique-moi quel est le recours des gens qui ont été jeté hors de leurs propres maisons manu militari pour laisser place à une résidence vénitienne, une route ou une usine ? Le recours des époux qui ont perdu leur conjoint lors du passage de la mafia, commanditée guai lai guai qu par les officiels locaux, parce qu’ils ne partaient pas assez vite de chez eux ?

Comment se fait-ce que Beijing ait autorisé les manifestations lors des JO, dans un site bien particulier, bien délimité, à l’écart de tout événement lié de près ou de loin aux JO, et que l’immense majorité des demandes d’autorisation à manifester à cet endroit aient été refusées (150 sur 153 je crois me souvenir) ?

Rencontres-tu souvent des chinois chrétiens révérant le pape de Rome ? Des partisans du dalaï lama ? Des défenseurs de l’indépendance de Taiwan ? Des falung gong ? Je rappelle pour information qu’un des membres du Top 5 du gouvernement lors de Tian An Men a été assigné à résidence surveillée jusqu’à sa mort l’année dernière parce qu’il avait pris, de façon mesurée en plus, le parti des étudiants.

Churchill décrivait la démocratie comme la pire forme de gouvernement, à l’exception de tous les autres. Tu as raison, en Chine les gens sont libres de parler de tout, à l’exception des nombreux sujets tabous ; ils sont libres de lire ce qu’ils veulent, à l’exception de ce qui est à l’index, d’entendre ce qu’ils veulent, à l’exception de ce qui est tu ; ils sont aussi libres d’aller où ils veulent, à l’exception des endroits interdits ; et ils sont libres de rencontrer qui ils veulent, à l’exception des indésirables, emprisonnés, introuvables, listés, pestiférés et autres personnes jugées peu fréquentables. Désolé, mais ce n’est pas parce que, en tant qu’étranger, on jouit de ce qui semble être un sentiment d’assez grande liberté je suis d’accord – quand il s’agit de ce qui n’a pas de conséquence, de ce qui est trivial –, que la réciproque est vraie pour les locaux, surtout quand ils touchent du doigt des sujets sensibles ou qu’ils ont affaire aux rouages de la corruption mafiofficielle (au passage, il faudrait se poser la question du bien fondé de cette discrimination positive envers les laowai : c’est une forme indirecte de justification de la discrimination inverse, une manière de faire accepter la pilule des inégalités, et en profitant de nos privilèges on est, quelque part, complices d’un système abusif).

Je fais d’ailleurs remarquer en passant que les médias chinois s’empressent joyeusement de stigmatiser Chongqing comme le vilain petit canard du pays, à la suite des procès qui y ont lieu. « Ah, là-bas vous savez, ce sont tous des vendus ». Comprendre : ailleurs tout va bien. Les historiens sont catégoriques sur ce fait : la corruption a toujours fait partie de la vie chinoise, et ce de manière prépondérante. Il faut se méfier des vilains petits canards, car ils en cachent toujours d’autres. En fait, la question serait plutôt de savoir s’il existe réellement de gentils petits canards.

Enfin, tu voudrais que les français donnent une meilleure image de leur pays. Je te rejoins sur le fait que les insultes, persiflages et autres raccourcis tendancieux sont fort regrettables. Par contre, je ne te suis pas dans l’amalgame que tu sembles faire entre insultes et critiques. Tu sembles en effet impliquer dans ta réaction que faire preuve de ses mauvaises impressions sur la Chine est à bannir. Je ne suis pas d’accord. J’ai bien conscience du fait que ça va à rebours du politiquement correct, mais enfin un chat est un chat et, comme dit le gentil petit canard cocorico, sans la liberté de blâmer… De plus, je ne te rejoins pas dans l’idée que ça revient à faire la leçon aux autres. Il y a une grande différence entre jouer son petit colon supérieur et moralisateur et faire part de ses impressions. Remarquer que beaucoup de chinois et chinoises crachent bruyamment partout ne revient pas à les traiter d’êtres inférieurs. Après tout, ils sont chez eux, font ce qui leur plait (même si ça déplait au gouvernement central, comme quand il a rendu la chose illégale durant les JO), et tant pis pour moi. Toujours est-il qu’ils crachent souvent, et bruyamment, et qu’on ne remarque pas la même chose en Occident. Où est le mal à le souligner, puisque ça saute aux yeux et aux oreilles ? Mes ascenseurs sont fréquemment décorés de crachats au sol. Ca n’enchante peut-être pas les thuriféraires de la Chine de se l’entendre dire, mais enfin depuis quand ce qu’on ne veut pas entendre est-il pour autant faux ? J’ai beau ne pas aimer marcher dans les crottes de chien, ça m’arrive assez souvent sur les trottoirs de France et de Navarre.

Finalement, si tu attends que les français soient parfaits pour les autoriser à donner leur avis sur un autre sujet qu’eux-mêmes, tu les réduis au silence éternel, et toute l’humanité avec. Il y a bien entendu beaucoup de choses qui vont de travers en France, mais si quelqu’un parle de la Chine, il parle de la Chine, non pas d’Emma Bovary, de la relativité générale ou de la pornographie dans les films d’Hollywood de 1986 à 1994. Encore moins de la France.

Xiang ni xiuxi.

25 réflexions au sujet de « Sur l’article d’un étudiant chinois, les commentaires suscités et la réponse de Laurent Devaux »

  1. excellent, enrichissant, qui porte à réfléchir, à vraiment ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure, à être un peu moins crédule et aveugle, à penser à « l’autre » ou qu’il soit…

  2. m…. j’ai l’impression de ne plus croire
    « au pére noël » aprés avoir lu ça ;-(

  3. bof … quand une personne ne fait que des descriptions entierement negatives, ça me rend suspicieux sur son objectivité et sa valeur … et quand l’auteur critique la chine en disant « qu’en chine on est libre à condition de … », ça montre que l’auteur ne se rend même pas compte que dans toute société hierarchisé, même en occident qui se pretend être des modeles en liberté-droit de l’homme-democratie, on ne peut qu’être « libre à conditions de … ». Par exemple, recemment en France, une etudiante en art qui avait exposé une peinture portant le slogan « Travailler moins, gagner plus » a vu sa peinture contraint à être retiré de l’exposition à cause de la porté politique du slogan ! Et ce genre de censure n’est qu’une banalité … Plus on entre dans des sujets sensibles, plus on est tous « libre à condition de … », même en occident !

  4. @ seong

    Le fait dont tu parles « Travailler moins, gagner plus » n’est pas exacte. Ce texte était afficher sur des baches sur la porte d’entrée des beaux arts. Ces baches ont étaient retirées mais pas l’oeuvre de cette artiste chinoise. D’autres parts c’est l’école des Beaux Arts qui c’est autocensurée pensant nuir à la neutralité du service public, suite au mécontenntement de l’artiste le ministre de la culture a demander a l’écolé de raccrocher les inscriptions. Elle a fait valoir ses droits a la liberté d’expression et elle a gagner.

  5. Très joli. Je vais le découper et le coller dans mon dictionnaire des idées reçues. La Chine fermée et en retard depuis le 17e siècles qui essaie encore de refaire son retard, la saleté, les persécutions, les enlèvements, la carte d’identité dans les cybercafés … Je me demande si l’auteur vit bien en Chine. Il aurait pu écrire son article en lisant les journaux … chinois en ligne, la presse officielle. Tout ça est connu et expliqué, sur un autre ton évidemment, y compris l’abominable insécurité du logement, quand on peut être prévenu que dans trois mois l’immeuble sera abattu. Mais la vie quotidienne … D’où sort cette idée que les Chinois n’aiment pas les lao-wai. Au contraire, j’aimerais quelquefois soulever moins d’intérêt. Quelquefois je suis fatigué de répondre aux questions. Ca me gêne que les receveuses des autobus de Pékin fassent lever des jeunes pour que je puisse m’asseoir. Il est vrai que j’ai l’air d’un vieux monsieur gentil, pas d’un jeune Blanc qui la ramène (moi non plus je n’aime pas). Mais bon, chaque fois que je rentre en France, je tombe sur des gens qui me font la morale, parce que j’ai choisi de vivre dans cet abominable pays, et que j’en suis content. Ah, deux points de malheur encore, qu’on ne connaît que quand on parle aux Chinois: le grand chagrin de l’enfant unique (une femme chinoise, à son premier jour en France, a vu une autre femme avec trois petits enfants dont un dans la poussette, et m’a demandé de lui poser la question « est-ce qu’ils sont tous à vous ? » ; et la grande peur de la maladie et de l’accident, car l’hôpital est payant, d’avance, et tous ceux qui le peuvent ont un an ou deux de revenu épargné pour faire face le jour où … A côté de ça, les dissidents persécutés, ça ne soucie pas beaucoup le citoyen moyen; il trouve juste que le gouvernement est bien bête de traiter ses citoyens comme des petits enfants.

  6. Il est toujours courageux de se livrer à ce type d’exercice et de ne pas tomber dans les généralisations abusives, je trouve que Laurent s’en sort bien. J’ai abandonné ce genre d’exposé car je le trouve trop périlleux et fatigants car il faut beaucoup de nuances.

    Mon plus gros problème depuis ma première fréquentation avec la Chine, 1984, consiste à enlever ma grille de lecture. Un petit exemple, pendant longtemps, je regrettais l’absence quasi totale du « bonjour » et il m’était facile de rejoindre la tribu des gens qui qualifiaient les Chinois  » d’impolis ». Avec le temps , heureusement, je me suis fait une raison et ai compris que je devais oublier NOTRE conception de la politesse. En fait, ceux qui fréquentent les Chinois ayant peu de contact avec les Occidentaux me comprendront, le « bonjour » est souvent remplacé par une phrase lien sans grand sens, exemple,  » Tu es arrivée! », ou on dira le nom ou prénom de la personne ou encore le lien de parenté, etc… ou encore par un signe de la tête, etc… Je me suis converti; ce matin, à des amis qui arrivaient à la maison, je les ai accueillis avec  » Vous arrivez à point! »

  7. Alors, je viens de relire avec plus de temps ce texte.
    Merci encore de me l’avoir envoyer et le partager avec les lecteurs, car il est intéressant sur bien des points.
    Juste quelques réactions :
    Tu dis :
    Chaque jour, sur la première page du Canard enchaîné trône cette magnifique phrase : « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». Euhh, en fait c’est le Figaro qui a cette devise (de Beaumarchais)

    Pour Lijiang, d’accord avec toi, mais pas pour Luang Prabang qui est également devenu un Disneyland monstrueux (voir mon article ici), le tourisme de masse n’est pas l’apanage de la Chine

    Pour la destruction du patrimoine, je suis plus nuancé (article à venir à ce sujet bientôt) car la Chine doit résoudre un problème de population en surnombre, et à la différence de nombreux pays en développement dans le monde, y arrive plutôt bien, car même si les zones crades existent en Chine, elles n’ont rien de comparables aux bidonvilles de Manille ou de Rio…. C’est un succès indéniable à mettre au compte du volontarisme chinois. Le patrimoine n’est pas si détruit que cela, pas plus qu’il ne l’ait dans de nombreux pays au monde.

    Concernant l’accueil, pour moi aussi fréquenter les endroits « chinois », on ne peut pas comparer avec la France, car dans les deux pays, la conception de la politesse et de l’accueil sont différentes, et incomparables.

    Sur la question des minorités, le débat mérite d’être un peu plus creusé, je vais faire un article à ce propos suite à la lecture de l’excellent ouvrage The Great Game de Peter Hopkirk

    Sur la corruption, la France ne situe qu’au 23ème rang des pays les moins corrompus (lire ici). Certes, la Chine est 72ème…

    Sinon, j’aime beaucoup ton style et la plupart des points que tu développe sont à mon sens pertinents !

    J’en redemande !

  8. Je viens de terminer l’article en entier. C’est bien écrit, on prend autant de plaisir qu’à lire du Houellebecq. Grâce à Denis, j’ai également (ré)appris 2 mots: thuriféraire et nonobstant. Dommage qu’il les emploie chacun à 2 reprises, ca me fait penser à Eric Zemmour en plein exercice d’érudition. De même, parsemer son texte de pinyin, c’est pas forcément sympa pour le rendre accessible aux profanes (mais bon, là ne devait pas être son objectif premier). Et tout comme Houellebecq, Denis semble prendre un malin plaisir à appuyer là ou cela fait mal. Bref, l’analyse est bien équilibrée et fort juste par moment sur plusieurs points.

    Cependant, je pense qu’il dérape au moment d’aborder les questions de politique. Pour quelqu’un qui a voyagé dans 20 provinces, qui a passé 3 ans sur place, et qui ne vit pas dans une des grandes villes côtières (bref, le laowai à qui on ne la fait plus), je trouve cela un peu bizarre qu’il n’ait pas réussi à parler à bâtons rompus avec des locaux de Mao, de la révolution culturelle, de l’état de la Chine actuelle, ou de tout autre sujet qui interpelle chez nous. Mon mauvais esprit me souffle qu’il faut parfois savoir résister aux haleines putrides pour avoir des conversations intéressantes… (je m’égare) De même, à lire Denis et ses prises de positions audacieuses, je m’étonne qu’il rebrousse chemin aux check-points, qu’il pense se faire suivre comme au temps de l’URSS, ou qu’il recoive des clés USB tracantes. Bientôt il nous expliquera qu’il est souvent privé d’internet chez lui, que son téléphone portable est sur écoute ou que sa valise arrive constamment ouverte sur les tapis des aéroports qu’il fréquente. Et tout cela en raison de ses activités subversives ?

    Quant aux francais nourris depuis leur plus jeune âge de clichés positifs sur la Chine, j’invite Denis à visiter 20 départements francais (en essayant la France profonde, ou d’en bas, au choix) et y parler de la Chine avec les personnes qu’il y rencontrera. C’est loin de n’être que positif. Lorsque l’on commence à avoir des images d’Epinal de son pays dans son esprit, c’est qu’il faut y revenir un peu plus souvent pour prétendre en parler comme un représentant.

    Je vais passer sur l’architecture, mais il y a également beaucoup à débattre dans le texte (comme si le patrimoine devait se définir en priorité par la conservation de vieilles pierres).

    Je ne pense pas qu’il suffise de citer des grandes références dans tous les domaines que l’on aborde (on a eu le droit en vrac, au Corbusier, Gandhi, Montesquieu, Needham, le Figaro/Canard Enchaîné, Churchill, Comte Sponville, Voltaire… ca fait beaucoup à digérer pour un seul article…), ou de livrer une analyse factuelle hyper-réaliste, etayée par une tripotée de chiffres insignifiants, pour se permettre le jugement qu’il porte dans la seconde partie de son texte.

    Bien que mon texte soit à charge (je ne vais pas oser le « je ne porte pas de jugement ») comme Charles, paradoxalement j’en redemande. Je dois reconnaitre que l’argumentaire et la rhétorique développés sont excellent, qu’ils mériteraient d’avoir leur propre blog et d’avoir des articles pour plusieurs des points abordés dans ce texte. Cela permettrait à l’auteur de vraies conversations avec les lecteurs, de le confronter à ses idées (recues ou pas), et d’affiner petit à petit ses textes.

    Et avec de l’expérience, il appréciera ce pays malgré tous ses défauts, ou il aura la générosité d’y laisser sa place à une personne à l’esprit un peu plus positif et à l’avis plus nuancé.

  9. Bonjour,

    excellent article en effet qui mérité d’être lu et relu.

    J’ai beaucoup apprécié le passage sur la visite de la Chine par la maman, car c’est exactement cela.

    En Chine, on peut se permettre de voir ou de montrer ce que l’on veut, suivant ce que l’on veut faire ressortir comme impression.

    Quand je reçois des amis ou clients (ils sont souvent les deux), je leur fais visiter les rizières en terrasses et autres lieux touristiques, là, ils sont ébahis par la beauté , mais également la modernité de certains lieux.

    je leur montre ensuite l’autre côté, celui moins reluisant, mais bien réel en leur expliquant les raisons de tout cela.

    Cela se résume en quelques mots: ne pas comparer ce qui n’est pas comparable, la Chine est la Chine, la France, la France. L’histoire, le présent, le futur ne sont pas les mêmes.

    Il m’arrive également de faire visiter la France à des Chinois, et là même parcours : émerveillement, mais quand je leur explique le prix à payer au travers des impôts et diverses taxes, ils sont bien moins emballés.
    Je leur explique donc que ces sacrifices sont indissociables du progrès social, et qu’ils devront eux aussi « y passer » s’ils désirent avoir la même chose.

    Tout cela pour dire qu’il faut prendre les choses, mais également les gens comme ils sont et se garder de comparer deux situations qui n’ont jamais les mêmes origines.

    La Chine est encore un pays à l’avenir incertain, et est bien malin celui qui peut le prédire.

  10. J’avais eu le malheur de faire un petit commentaire (ironique) de cet article sur mon blog.
    Et hop : troll & compagnie…

    Que voulez-vous, on ne badine pas avec les clichés…

  11. Merci à tous pour vos commentaires. Je suis heureux de constater qu’en dépit des opinions divergentes, la correction soit restée de mise. Quelques éléments de réponse :

    
    

    Mes descriptions sont entièrement négatives. J’avais insisté dans mon article initial sur le fait qu’il existe de belles choses en Chine, mais étant lui-même une réponse à un article qui me paraissait par trop positif, je ne m’y attarderais pas.

    
    

    La liberté est un concept, une abstraction, et comme tel jamais atteint. Mais il en va d’un continuum, sur lequel je n’hésite pas – avec quelques autres – à dire que la France et l’Occident sont plus « avancés » (au sens physique, directionnel) que la Chine. Il faudrait me prouver le contraire. Nicolas, merci pour ton explication.

    
    

    Malheureusement, tout est idée reçue, ou en tout cas impression. Je comprends tout à fait qu’on soit en désaccord avec mes impressions, mais elle ne sont pas plus reçues que celles qui sont positives. A mon sens la seule façon d’éviter cet écueil est d’interroger et d’analyser, individuellement, 1,3 milliard de chinois. Celui qui aura fait ça pourra déclarer qu’il parle en parfaite connaissance de cause. Mais il n’est pas né. Enfin je dis ça, mais même dans ce cas-là on tomberait tout de même dans le piège de la subjectivité. Donc on ne peut guère confronter que ses impressions, que ça plaise ou non.

    
    

    Je n’ai certainement PAS dit que les chinois n’aimaient pas les laowai (« étrangers »). J’ai dit le contraire, qu’on jouissait d’un traitement de faveur, et que le contact avec les locaux était facile. Moi aussi j’aimerais passer inaperçu de temps à autres. D’un autre côté, dans quelles proportions parle-t-on d’« amour » ici ? Pendant la « crise » sino-française en 2008 il y a eu des démonstrations anti-françaises en Chine (devant Carrefour à Chongqing), et je me suis fait passer pour anglais pendant deux mois. Je ne dis PAS que j’allais forcément être lynché, mais j’ai éprouvé le besoin de ne pas me faire remarquer – comme si on est fan de l’OM et qu’on regarde le match dans les tribunes parisiennes du Parc. Quand Brown n’est pas d’accord avec Sarkozy, je ne me fais pas passer pour suédois quand je vis à Londres.

    
    

    On ne peut parler d’un tout, surtout comme la Chine, sans généraliser. Soit on ne parle de rien, soit on généralise. Toute parole englobante est généralisante, chez tout le monde, ou alors elle se cantonne à la langue de bois qui n’apporte rien à personne et trompe son monde sur le sujet abordé.

    
    

    Oui, on peut jouer la carte de l’assimilation totale, et « go native » comme disent les anglophones. Pas moi. Je suis ce que je suis, j’ai une grille de lecture particulière, et même si je comprends la raison derrière telle ou telle chose, ça n’empêche que j’y réagisse à partir de ce que je suis. Il y a comprendre intellectuellement et être en paix avec ceci ou cela. A mes yeux, le contact chinois-chinois (sauf dans un contexte où chacun attend quelque chose de l’autre) n’est pas amical, chaleureux, il est froid, impersonnel, peu attirant. A mes yeux, manque de civilité donc. Et pas qu’aux miens, puisque le nouveau secrétaire du parti de Chongqing a décidé de faire passer des messages éducatifs à la télé – d’ailleurs, la même chose existait à Beijing avant les JO. Ce qui montre bien qu’il y a quelque part en Chine conscience du fait que les choses pourraient être plus engageantes.

    
    

    Ce n’est pas parce qu’un us est propre à un pays qu’il doit être pris de facto pour bon – qu’on n’a pas le droit de ne pas être d’accord. Un exemple parmi d’autres (et je précise que je ne compare pas ceci à cela, je joue l’avocat du diable) : l’excision. Il n’y a aussi qu’à voir le bruit autour de la burqa en France actuellement. Je peux comprendre intellectuellement l’excision : est-ce que je dois être d’accord ?

    
    

    Merci Charles pour la correction : Figaro. Dommage pour mon petit jeu de mots… Autre erreur que j’ai remarqué après coup : xiang ni xuexi (et pas xiuxi). Phrase qu’on dit à son adversaire à la fin d’une rencontre sportive, et qui dit en gros : grâce à vous j’ai appris des choses.

    
    

    Luang Prabang, oui, les touristes qui prennent les moines pour des animaux de zoo, j’ai vu ça aussi (je n’ai pas suivi la meute, mais j’avoue ne pas avoir totalement résisté, mea culpa – photographie, quand tu nous tiens). Cela dit, entre les deux villes, mon cœur ne balance pas une seconde.

    
    

    J’ai hâte de lire ton article sur le patrimoine. Il est clair que la Chine est dans une situation exceptionnelle en terme de nombre. Mais prend un pays à forte densité, comme la Hollande, et regarde s’il est besoin de construire des gratte-ciels de mauvaise qualité à la place des endroits historiques. Je n’ai pas fait le calcul, mais si tu gonflais la Hollande à la taille de la Chine, il y en aurait combien de milliards de têtes ?

    
    

    D’accord avec toi sur les bidonvilles, qui semblent faire défaut en Chine, et c’est à mettre à son crédit. Cela dit tout n’est pas reluisant dans les habitations pour autant. Et par ailleurs les bidonvilles d’autres pays ne sont pas construits à la place d’anciens bâtiments représentant le passé du pays, l’identité de la culture locale.

    
    

    D’après ce que j’ai vu, le patrimoine est laminé en Chine. Des preuves : Chongqing, les villes de provinces, Beijing (en dehors des hutong) ; même les villages des minorités se couvrent de carreaux de salle de bain pour faire « riche », etc. Que reste-t-il d’architecture chinoise à Chongqing, Beijing en dehors des hutong, dans les villes de provinces ? Compare à Paris, Prague, Capri, Wellington, Perth, Marrakesh, New York, Ubud à Bali, Phnom Penh au Cambodge, Galle au Sri Lanka, à Kinabalu sur Bornéo.

    
    

    La Chine traditionnelle disparaît, et une Chine nouvelle, souvent copiée sur le modèle américain, qui n’a plus de liens visibles avec l’ancienne (on peut parler dans ce sens de deux Chine distinctes), s’érige. A mes yeux elle a perdu le contact avec elle-même à ce niveau-là, et je ne comprends vraiment pas.

    
    

    L’argument du nombre est, je te l’accorde, tentant. Mais il est à double tranchant : regarde le nombre d’appartements vides autour de toi. Ma résidence est occupée à 10%, et ce depuis 3 ans. Et je connais des dizaines de tours qui sont encore moins bien loties. Donc la Chine ne construit pas (et donc ne détruit pas) avant tout pour loger les campagnards ou les pauvres. Ou alors quelque chose d’énorme m’échappe. Les tours poussent sans arrêt, les apparts sont vides, et les gens continuent à vivre dans ce qu’ils peuvent trouver. Certes la classe moyenne et supérieure achètent à tout va, de telle sorte que beaucoup d’appart appartiennent effectivement à quelqu’un : mais on parle ici d’investissement, et il n’y a ni locataire ni racheteur. Donc les apparts restent vides. On se retrouve avec des familles qui possèdent 3 appart, et d’autres qui n’ont rien. Je me rappelle que le nombre d’appart vides à Paris avait donné lieu à des actions d’associations : si c’est un problème à Paris, je ne vois pas comment ça ne peut pas l’être ici, où le problème me paraît bien plus prononcé.

    
    

    Je n’ai jamais prétendu que le monde hors-Chine était parfait. Je l’ai même reconnu dans mon article. Mais encore une fois j’y parlais de la Chine, pas d’autre part. Et le fait est que la Chine est deuxième (ou troisième) puissance mondiale, va peut-être dépasser les USA d’ici à quelques dizaines d’années. La Chine n’est pas n’importe quel pays, elle pèse et pèsera davantage. Donc ses choix ne sont pas anodins, et ses agissements, internes comme externes, sont à suivre avec attention. Comme tel, on s’attendrait à ce qu’elle fasse des choix mesurés, pesés. Les chinois étudient à l’étranger et ramènent les connaissances en Chine. Pour en revenir au développement, au traitement du patrimoine, comment se fait-il que la Chine semble ne pas avoir réalisé que les erreurs commises par l’Occident dans les années 60 en terme de développement – touristique en particulier – ont depuis été rectifiées ? Comment en vient-elle à défigurer Hainan, ou Lijiang ? La Costa del Sol, on a compris ce qui y clochait dans le modèle utilisé. Bali l’a compris, et bien d’autres endroits. Pourquoi pas la Chine, qui a pourtant des yeux partout, absorbe les connaissances comme personne ? Ca défie mon entendement (limité j’avoue).

    
    

    Tu as raison, les minorités est une question complexe. Le fait est que la Chine a la chance de tirer des enseignements des erreurs de l’Occident dans la façon de les traiter, et il serait beau de penser qu’elle ne fasse pas comme avec le patrimoine. Je ne dis pas que le problème est simple, mais enfin si la Chine veut attirer des touristes, il faut qu’elle réalise que ses minorités sont un atout majeur, et que le laowai ne veut pas forcément voir des forêts de béton en lieu et place de villes paisibles et authentiques (Jinhong dans le Xishuangbanna est déprimant au possible à mes yeux) et des villages ethniques payants avec danses traditionnelles toutes les 15 minutes.

    
    

    La France n’est pas une sainte en terme de corruption, je ne l’ai jamais prétendu. On a même la réputation d’avoir la gâchette du portefeuille assez facile parmi certaines communautés étrangères. Mais il faudra plus que les frégates de Taiwan pour me faire mettre la France et la Chine sur un pied d’égalité en la matière. Bien plus. Une collègue a soudoyé un médecin pour faire passer sa mère. Un ami français qui enseigne s’est vu proposer plusieurs « cadeaux », fait appeler par les parents ou étudiants avant les examens. Ma femme a reçu un sac de designer par une candidate (refusé bien sûr). Un ami businessman néerlandais m’a expliqué que pour les négociations autour d’un contrat, il était le bienvenu, jusqu’à ce que la question de l’argent soit abordée, et où là il devait quitter la salle pour laisser les chinois discuter entre eux. Pourquoi ça ? Un ami businessman indien m’a expliqué que pour avoir la moindre chance en Chine, il fallait obligatoirement donner des enveloppes. Le chef d’un hôtel 5 étoiles a été menacé de mort et s’est vu conseiller de rester dans l’hôtel pendant un mois parce qu’il avait fait limoger un manager qui prélevait 2 RMB sur 12 pour chaque litre de jus d’orange acheté par l’établissement (en tout, 100 000 RMB par an quand même). La manœuvre était de plus écrite noir sur blanc sur les factures, comme quoi la corruption et les petites affaires sont « monnaie courante » et font partie de la vie quotidienne. Personne avant n’avait pensé à soulever la chose. Encore une fois, je ne suis pas en train de dire que le reste du monde est étranger à ces choses, mais enfin mon impression est que tout est plus ou moins magouille ici, désolé pour la généralisation généralisante. Les fiches de salaire sont une bonne rigolade (je le sais d’expérience) : très souvent n’est déclaré qu’un salaire fictif, très inférieur au salaire réel, de façon à eviter les impôts. Qui gagne quoi, personne ne le sait, et le coup a lieu aussi au sein du gouvernement. Partout dans le pays des complexes d’habitation poussent sur des terres agricoles – équivalent de nos terres non constructibles – et personne au gouvernement ne lève le petit doigt pour remettre de l’ordre dans tout ça. Pourquoi ça ?

    
    

    Je ne pensais pas faire du Houellebecq. Et je n’essayais pas, pas plus que du Zemmour (attention, deux noms de haute culture en deux phrases, c’est limite, ça fait tâche). J’ai rédigé une réponse à un article, autant dire pas une œuvre d’art. Je compterais mes thuriféraires à l’avenir. Ai-je le droit d’utiliser « et » plus d’une fois ? Zy va man !

    
    

    Je n’ai jamais dit que je n’avais pas parlé de Mao avec des chinois, j’ai dit qu’aucun n’a été près à dire ce qu’ils sous-entendaient à la télé pour une audience nationale ou mondiale. Rien à voir. Cela dit beaucoup m’ont simplement récité le message officiel, et semblait fort bien s’en accommoder. A l’ouest comme à l’est du pays d’ailleurs.

    
    

    Mon intérêt n’étant aucunement de diaboliser la Chine, juste de faire part de mes impressions et de mon vécu, je n’ai pas menti en rapportant mes expériences de James Bond. Je ne te demande pas de me croire, Xavier. Eh puis tu as raison, je l’avoue, la Chine ne contrôle pas internet (elle n’a pas mis en place des filtres, elle n’organise pas de cyber-attaques, elle n’a pas forcé Google à filtrer pour entrer sur le territoire, le site de l’ambassade française n’a pas crashé lors de la crise sino-française, les journalistes ne sont pas suivis de près, l’armée des wu mao n’existe pas, tout il est beau, et pendant qu’on y est il n’y a jamais eu d’espions russes, américains ou français et pas plus d’Enigma que de beurre en broche – tout ça c’est des conspiracy theories). La Chine adore le dalaï lama et Tian an men est un mythe – si c’est vrai, parce que les moteurs de recherche chinois n’en parlent pas. Bref, c’est le paradis et la France est un enfer.

    
    

    PS : mon internet a été coupé plusieurs fois. Sûrement un coup des télécoms du Togo.

    
    

    PS2 : si tu es si confiant, commence donc à crier sur les toits que tu es un fan des falung gong et que tu idolâtres le dalai lama. Zy va man. Crée ton assoc pour l’indépendance de Taiwan. On reparlera de tes certitudes.

    
    

    Tu as raison, j’ai forcé le trait sur les stéréotypes français sur la Chine. Cela dit il existe bel et bien une mystique de la Chine en Occident. Il n’y a qu’à regarder tout ce qu’on fait du « design chinois ». Il est où en Chine ce design ?

    
    

    Pour l’architecture, en tant que français on est mal placé pour dire que les vieilles pierres ne font pas un patrimoine. Dis-moi que tu préfèrerais vivre à la Courneuve plutôt que dans Paris intra muros. Dis-moi qu’en voyage tu préfères rester dans un bâtiment cubique couvert de carreaux de salle de bain plutôt que dans une maison traditionnelle agrémentée du confort moderne.

    
    

    Les grands noms ne sont pas des preuves, j’ai essayé de le montrer dans mon article initial. Ils ne sont pas non plus à honnir sous prétexte que ça ferait élitiste. Je peux aussi citer NTM, genre « baise la vie, sans ça c’est elle qui te baisera », mais quelque part ça cadre moins. Quant à ton idée qu’ils justifieraient la partie dans laquelle je fais part de mes impressions, il va falloir m’expliquer quel genre de gymnastique tu pratiques. Je n’ai porté jugement que dans la mesure où je ne suis pas toujours d’accord avec ce à quoi j’assiste. J’ai remarqué des choses que je n’ai pas remarqué avec une telle régularité ailleurs. Ah mais j’oubliais, c’est vrai qu’en Chine tout est parfait et qu’il est hérétique de suggérer le contraire… Il faut que je laisse ma place à ceux qui sauront chanter les louanges de l’enpire du milieu. Il faut que j’apprenne à aimer la Chine, parce que c’est ce que tout un chacun doit faire : non pas faire preuve de sens critique et avoir une opinion personnelle, mais rejoindre le rang, opiner et chanter en cœur. Xing lai, xing lai, xing lai…

    
    

    Franchement, c’est tes idées reçues contre les miennes. J’ai bien conscience de ne pas détenir la vérité sur les questions que j’aborde, mais je ne l’ai jamais prétendu. J’ai parlé à plusieurs reprises (oui, plus de deux fois) de mes IMPRESSIONS et EXPERIENCES. Je suis content pour toi que tu ne te sois jamais senti dans la peau de James Bond, mais voilà chacun a sa petite vie, toujours différente. La tienne n’est pas la mienne, et vice versa.

    
    

    De l’expérience de la Chine, j’en ai. Plus d’expérience ? Oui, comme on peut manger des bonbons sans discontinuer ou laisser sa main sur le feu indéfiniment. En toutes choses, il faut savoir raison garder. Je vais bientôt laisser ma place à un thurif… pardon un amoureux du pays. J’apprécie la Slovaquie (où j’ai habité) malgré ses défauts, l’Ecosse (où j’ai habité) malgré ses défauts, la France (où j’ai habité) malgré ses défauts, et l’Angleterre (où j’ai habité) malgré ses défauts. La Chine, où j’habite, je ne l’apprécie pas vraiment, et ce à cause de ses défauts.

    
    

    Si Charles me l’autorise, je parlerai un jour de ce qui me plaît en Chine, mais ça n’est pas suffisant dans mon vécu pour me la rendre chère, ou effacer trois années difficiles et frustrantes d’un revers de manche. Encore une fois, désolé si ça n’est pas ce que tu veux entendre, mais voilà ces choses-là arrivent.

    
    

    Je souhaite à la Chine et au monde entier qu’elle devienne le paradis dont tu sembles déjà faire l’expérience. En attendant, elle n’est que ce qu’elle est, et je ne suis malheureusement que moi-même.

    
    

    Bien à vous,

    
    

    Denis

  12. Concernant le degré de développement d’une civilisation comparée à une autre, je conseille vivement la lecture (simple et rapide) de l’excellent « Race et Histoire » de Lévi-Strauss.

    Voici quelques extraits

    Le développement des cultures se fait-il par étape ? On croit souvent à l’existence d’une sorte d’évolutionnisme des cultures. Celles-ci avanceraient par étapes. L’Afrique en est « encore au moyen-âge » entendons-nous parfois. En réalité cette théorie n’est qu’une « tentative pour supprimer la diversité des cultures tout en feignant de la reconnaître pleinement. » C’est une façon masquée de nier leur diversité. De fait, il existe plusieurs cultures possédant des modes de développement différents. La découverte du nouveau monde nous montre ainsi que la civilisation précolombienne mêlait d’étonnantes réussites technologiques à des lacunes. Elle était extrêmement avancée en matière d’agriculture tandis que sa maîtrise de la domestication restait faible, se distinguant de la période néolithique européenne durant laquelle agriculture et domestication allaient de pair.

    En réalité chaque culture possède une histoire, sans que l’on puisse affirmer dans l’absolu qu’une culture soit plus ou moins avancée qu’une autre. « En vérité, il n’existe pas de peuples enfants ; tous sont adultes, même ceux qui n’ont pas tenu le journal de leur enfance et de leur adolescence. »

    Il y a donc une pluralité de cultures. Mais comment les jugeons-nous ? Nous les cataloguons selon deux critères : stationnaires ou cumulatives. Nous considérons comme cumulative toute culture allant dans le même sens que la nôtre, tandis que nous considérons les autres comme stationnaires « non pas nécessairement parce qu’elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de référence que nous utilisons. »

    Lévi-Strauss ajoute que le progrès n’est ni nécessaire ni continu. Il procède par bonds, par mutations. Ces bonds ne consistent pas à aller toujours plus loin dans la même direction. « L’humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise. » Une culture momentanément stationnaire nous paraît dépourvue d’intérêt simplement parce qu’elle ne nous ressemble pas.

    Les inventions marquant un progrès ne sont certes pas le fruit du hasard, néanmoins chacune d’elles, prise de façon isolée, ne signifie rien. C’est leur combinaison qui permet l’évolution. Chaque génération n’a besoin pour progresser que d’ajouter une épargne au capital légué par les générations antérieures. Il est possible d’interroger notre propre ethnocentrisme en formulant la question suivante : la civilisation occidentale s’est elle montrée plus cumulative que d’autres ?

    « Deux fois dans son histoire, l’humanité a su accumuler une multiplicité d’inventions orientées dans le même sens et qui ont entraîné des changements significatifs dans le rapport que l’homme entretient avec la nature. » Certes la révolution industrielle a été entamée par les occidentaux puis mise en place partout à travers le monde. On inclinerait donc à penser que l’occident aurait un génie propre. Mais 10 000 ans av. J.-C. ou plus tôt, la révolution néolithique se déclencha simultanément à plusieurs endroits de la planète, si bien que Lévi-Strauss constate que « la simultanéité d’apparition des mêmes bouleversements technologiques, sur des territoires aussi vastes et dans des régions écartées, montre bien qu’elle n’a pas dépendu du génie d’une race ou d’une culture, mais de conditions si générales qu’elles se situent en dehors de la conscience des hommes. »

  13. « D’accord avec toi sur les bidonvilles, qui semblent faire défaut en Chine, et c’est à mettre à son crédit. Cela dit tout n’est pas reluisant dans les habitations pour autant. Et par ailleurs les bidonvilles d’autres pays ne sont pas construits à la place d’anciens bâtiments représentant le passé du pays, l’identité de la culture locale. »

    Pour les bidonvilles, il faut apporter quelques nuances. Dans un pays comme l’Inde, les bidonvilles se sont formés avec l’arrivée des campagnards ET de leur famille venus chercher du travail dans les villes. En Chine, les mingong, qui travaillent par exemple dans le domaine de la construction, ne peuvent venir dans la plupart des cas avec leur famille – ce qui bien entendu suscite de nombreux problèmes à de nombreux niveaux ; ils sont par qués dans des conditions affreuses – Charles toi qui connaît bien le quartier de San Litun, en face du Yaxiu, il existe un complexse résidientiel qui est en fin de construction, j’ai visité en août et en ai profité pour voir de près les conditions d’habitation de ces mingong, c’était affreux, les dortoirs exigus d’au moins 20 lits, se trouvaient au-dessus de toilettes puants…). Bref, divers économistes ont demandé l’existence de bidonvilles en Chine pour permettre à ces mingong une meilleure existence avec une vie de famille. Bien entendu, cette proposition a fait beaucoup de bruit, elle a eu le mérite de se poser quelques quesitons. Les critiques soulignaient que les conditions actuelles étaient prires que celles des bidonvilles… Un des chefs de files était un professeur d’histoire de Qinghua , Qin Hui, et son article sur le sujet qui avait beaucoup de bruit n’est pas paru dans Quotidien de Pékin mais dans un journal du sud, le Nanfangzhoumo… Je ne vais pas m’étendre sur le sujet des mingong, les personnes qui viennent sur ce blog connaissent leurs conditions dans la grande croissance chinoise.

    La revue Perspectives Chinoises avait évoqué le sujet, http://perspectiveschinoises.revues

    PS : je vais m’appeler Xav pour éviter les confusions avec les autres Xavier.

  14. Salut Denis

    Vu la longueur de la réponse, je pense que l’on doit avoir autant à coeur chacun de défendre notre point de vue. Évidemment, je ne peux pas être d’accord avec tout ce que tu dis, mais je prends note de tes remarques.

    De mon côté, ma réponse fut assez offensive, car je comprends mal comment on peut écrire un aussi long texte à décrire froidement des choses qui ne fonctionnent pas ou que l’on aime pas. À la longue, on a l’impression de lire le récit d’un détenu décrivant son quotidien dans une prison et à un moment, même si je retrouvais beaucoup de choses que j’ai moi même vécues sur place, je me suis dit: « mais qu’est-ce qu’il fait encore là bas ? ». C’est l’impression que j’ai eue, et qui m’a motivé à prendre mon clavier pour te répondre.

    Que tu n’aimes pas la Chine et que tu l’expliques, je peux le comprendre. Mais dans ce texte, j’avais plus l’impression qu’elle te rend vraiment aigri, que tu en es prisonnier et que tu essaies dans ton texte, de rendre coup pour coup ce que tu y subis. Personnellement, et même si ca peut se comprendre, je trouve cela malheureux. Je ne demande pas d’y raconter que la vie est paradisiaque, mais ce n’est pas l’enfer non plus. Admettons le !

    Pour l’architecture, même si l’anarchie que tu décris dans le domaine immobilier est bien réelle, je ne pense que l’on puisse autant critiquer l’urbanisme qui s’y développe. Je prends cela comme un état de fait, adapté au gout local (les chinois aiment Hainan et sont conscients de son caractère kitsch). Forcément, dans nos yeux ca parait monstrueux, mais pour eux c’est différent. Ca me fait penser à la couleur des néons (blanc blafard) que je changeais à chaque déménagement (pour un blanc plus chaleureux). Je ne comprenais pas comment on pouvait avoir une telle lumière chez soi, mais des chinois m’ont expliqué que cela, non seulement leur plaisait plus, mais aussi qu’ils voyaient mieux avec cette couleur… Tout cela pour dire que ce qui nous semble logique, beau, normal, de bon gout, sensé, etc… ne l’est pas forcément pour eux, et vice et versa. Mais ca, tout le monde le sait.

    Au sujet d’internet, je pense que des coupures nous en avons tous eu. Mais cela ne m’a pas empeĉhé de me connecter au wifi de mes voisins (sauf quand la coupure était générale dans le quartier ou l’immeuble), ni même d’aller surfer depuis un Starbucks. Quant au contrôle de l’internet en Chine, il en est de même en France, à un degré différent je l’admets. Mais cela n’en empêche pas une utilisation que la Chine aimerait empêcher à bien des occasions. En consultant le blog ESNW (http://www.zonaeuropa.com/) on se rend compte de la relativité du contrôle de l’internet chinois.

    Concernant la culture, reconnais quand même que le vocabulaire et les références utilisées sont parfois un peu trop nombreux, pour argumenter ton texte qui est plutôt négatif. Je trouvais cela un peu « too much ». Et dans mon esprit, ta réponse s’adressait autant à Laurent qu’à des chinois francophones qui la liraient, et j’avais l’impression que tu essayais de te mettre hors de portée, en utilisant cette technique de mitraillage de références. Peut-être me suis-je trompé, mais dans ma réponse je tenais à te le dire.

    Apprendre à aimer la Chine ? Pourquoi pas… Avec du recul, qu’on l’aime ou pas, je pense qu’y vivre plusieurs années sur place nous amène une expérience que peu de personnes auront la chance d’avoir au cours de leur vie. C’est surtout sur ce point là que je pense que nous l’apprécierons tous avec du recul, et que nous avons un devoir de relater notre expérience. Et ce, non pas pour faire aimer ce pays à tout prix (je ne suis pas non plus un fanatique de la Chin), mais pour encourager les curieux à s’y rendre et s’en faire leur propre avis. Cela est d’autant plus difficile qu’il faut se garder de transmettre notre propre grille de lecture, bien que celle-ci conditionne en grande partie notre expérience du pays.

    Voilà Denis. Sans rancune aucune. Désolé si certains de mes propos t’ont brusqué ou paru déplacés. Certains en avaient l’objectif, mais certainement pas le but de cette conversation. Et ce n’est pas pour passer de la pommade que je t’encourage à lancer un blog, mais je pense sincérement que tu écris bien et que ton point de vue mériterait d’être développé plus amplement, pour lancer et animer une conversation qui serait bien utile. En effet, les blogs sur la Chine ne sont pas nombreux, et je pense qu’il y a une belle place pour le type de conversation que ton article vient de lancer. Et après plusieurs articles dans lesquels tu relaterais tes impressions et tes expériences diverses, on comprendrait mieux le point de vue que tu exposais dans ta réponse.

    Au plaisir de te lire, ainsi que tous les autres !

    Xavier

  15. :-/ super et lumineux,comme le pays du matin calme…pour faire digression voire compléter le panorama

  16. Je n’ai pas vraiment l’impression que c’est un chinois qui parle. Ou alors, Francais d’origine chinoise… De plus, sur le passage ou tu fais tes courses, tu dis » Et cela, je le sais, parce que je suis un laowai. » Comment peux tu te faire traiter de laoai » en étant chinois? J’ai plus l’impression que t’es Francais dans ta tête et que tu vois la Chine comme un étranger. Pour Lijiang, tu parles de la ville nouvelle qui construit des building. Tu la compares avec les alentours d’un ville au Laos. Quelle est la population du Laos? Mois de 6 Millions! Ca me fait bien rire ces comparaisons!

  17. Je n’ai pas vraiment l’impression que c’est un chinois qui parle. Ou alors, Francais d’origine chinoise… De plus, sur le passage ou tu fais tes courses, tu dis » Et cela, je le sais, parce que je suis un laowai. » Comment peux tu te faire traiter de laoai » en étant chinois? J’ai plus l’impression que t’es Francais dans ta tête et que tu vois la Chine comme un étranger. Pour Lijiang, tu parles de la ville nouvelle qui construit des building. Tu la compares avec les alentours d’une ville au Laos. Quelle est la population du Laos? Mois de 6 Millions! Ca me fait bien rire ces comparaisons!

  18. Je n’ai pas vraiment l’impression que c’est un chinois qui parle. Ou alors, Francais d’origine chinoise… Sur le passage ou tu fais tes courses, tu dis » Et cela, je le sais, parce que je suis un laowai. » Comment peux tu te faire traiter de laoai » en étant chinois? J’ai plus l’impression que t’es Francais dans ta tête et que tu vois la Chine comme un étranger. Pour Lijiang, tu parles de la ville nouvelle qui construit des building. Tu la compares avec les alentours d’une ville au Laos. Quelle est la population du Laos? Moins de 6 Millions! Ca me fait bien rire ces comparaisons!

  19. Toulonnais, tu as raison, je ne suis pas chinois, meme d’origine: Denis Lejeune, je crois que ca sonne suffisamment franchouillard. Moi je dis ca je dis rien. Partant, je vois et vis la Chine comme un laowai.

    L’argument du nombre me semble parfois une bonne excuse. La Hollande a une densite de population beaucoup plus elevee et les sites touristiques ne sont pas disneyifies pour autant.

    Bien a toi,

    Denis Lejeune

  20. Bonjour,
    Je visite pour la première ce blog et j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt ce petit débat. J’ai rarement l’envie de laisser des commentaires mais cette fois je ne peux m’en empêcher.

    Un point me chiffonne : celui de l’architecture. Dire que la Chine « insulte son histoire et son patrimoine, qu’ elle les bafoue, fait acte de barbarie envers elle-même » semble un peu fort et facile à dire quand on ne regarde pas le contexte. Comme beaucoup le répètent souvent: la Chine est un « pays en développement », pour ma part ce statut est une explication (partielle) en soi.
    Essayons de voir le problème sous un autre angle: Si j’étais une citadine moyenne de Chine et que j’aperçois un bâtiment en ruine mais datant de x époque (donc oh combien précieux pour le patrimoine chinois), je me demanderais pourquoi ils ne feraient pas quelque chose de plus utile à la place, sachant que des bâtiments comme ça peuvent être trouvés facilement en province et que le restaurer couterait de l’argent, or je suis certaine que ce n’est pas dans les priorités de l’Etat. Je t’accorde que c’est regrettable et que c’est un vrai gâchis de détruire cet héritage, mais il n’empêche que ce mode de pensée est l’apanage des « riches », lorsque la population se remplira le ventre sans s’inquiéter du lendemain, elle aura alors l’esprit libre pour s’occuper d’autres problèmes (dont le développement durable d’ailleurs).

    Par ailleurs, tu paraît très déçu de ce que tu as trouvé en Chine, est-ce parce que le pays est rempli de défauts ou parce qu’il n’est pas aussi beau que ce que tu te l’imaginais?

    Sur la question de l’hygiène j’avoue que celle des personnes venant de la campagne de Chine laisse à désirer. Cependant en ville c’est autre chose, personnellement j’étais impressionnée de ne détecter aucune odeur corporelle dans les bus, métro et foules alors qu’on était en plein mois de juillet-aout, en France ce n’est pas du tout la même chose, je dirai même que c’est ce que je déteste dans les transports en communs ici, que ce soit l’hiver ou l’été.

    Sinon ton article donne vraiment matière à réflexion ce qui est plaisant.

    Amicalement,

    Celes.

  21. Chere Celes (desole pour l’absence d’accents),

    merci pour ton message. Tout d’abord sache que je suis de retour en Europe, et par consequent mes plaies sont moins a vif maintenant. Cela dit je ne regrette rien de la Chine, je dois avouer, et je suis aux anges de l’avoir quittee.

    La mise en contexte dont tu parles pour l’architecture vaut dans les deux sens: la Chine a ‘5000 ans’ d’histoire, et il est etonnant que 30 ou 60 ans seulement lui fassent perdre de vue tout repere, et lui permettent de rayer de la carte ce patrimoine qui la definit et qu’elle avait jusque-la cheri.

    La conservation du patrimoine n’est pas l’apanage des riches, ou alors il faudrait se dire que l’Europe a toujours ete habitee par une majorite de personnes fortunees qui n’ont jamais rien eu d’autre a faire que se tourner les pouces et admirer la vue. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on est incapable d’apprecier la beaute (ou ses racines culturelles), et j’ai parle a plusieurs gens du peuple qui deploraient la destruction de l’ancien.

    Attention cela dit, je ne suis pas en train de dire qu’ils veulent rester dans des taudis croulants, ou que je defends ces memes taudis. Mais enfin il est loin d’etre impossible de moderniser l’ancien.

    A mon sens l’architectocide chinois actuel est le resultat d’une politique d’urbanisation mal pensee, mais surtout d’une corruption a tout va, sans bornes, libre de ses mouvements. Et bien sur le fait qu’un parti unique regne arrange bien les choses. Si des comptes etaient rendus, la face de la Chine en serait change.

    Aujourd’hui, ce sont les riches justement qui detruisent l’ancien, pas les pauvres. Les riches se remplissent les fouilles sur le dos du passe national.

    Tu as raison, j’ai ete tres decu par la Chine. En partie je crois a cause de ce que je pensais qu’elle etait avant d’y mettre les pieds (j’incrimine donc les livres sur la Chine, et ce que les medias en disent), et en partie par ce qu’elle m’a montre. Naturellement tout depend de ce qu’une personne attend de la vie. Je sais par exemple que ceux de mes amis qui aimaient boire, sortir en boite et s’envoyer en l’air a longueur de temps etaient aux anges. Si tu aimes un tantinet de culture, de ciel bleu, de subtilite, de variete, Chongqing est l’endroit a eviter, et j’y ai passe 3 ans. D’ou mon sentiment negatif. 3 ans a Beijing auraient surement ete differents, mais d’un autre cote j’ai fait l’experience de la vraie Chine, sans Aspartame…

    Je ne sais pas ou tu as habite en Chine et pour combien de temps, mais a Chongqing les odeurs, de toutes sortes, avaient bon train.

    Quant a la distinction ruraux-urbains, il faut savoir quand meme qu’une bonne partie des urbains sont en fait des ruraux. Et enfin il y a ville et ville: la ville des expats ou affluente, et l’autre ville, ou une grande partie des ruraux habite, ou des rurubains. Tout ca pour dire qu’a Beijing ou Shanghai il est facile de vivre sans toucher du doigt ce qui fait le quotidien d’un milliard et quelques d’habitants.

    Mais bref, tout ca est loin maintenant et je respire enfin. Le nouveau probleme auquel je suis confronte maintenant c’est assister au declin de l’Europe et a l’ascension de la Chine. Nous vivons une epoque interessante.

    Bien a toi,

    Denis

  22. Chers tous,

    pour continuer le débat, je viens de publier mon livre sur la Chine. Il s’intitule Le Pire du Milieu, et est en vente en ligne.

    Bien à vous,

    Denis Lejeune

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