Blind Shaft, de Li Yang

Dans les films à voir absolument, il y a Blind Shaft (Mang Jing), du réalisateur Chinois Li Yang, censuré en Chine.

Dénonçant les mines illégales du Nord de la Chine, presque filmé comme un documentaire, caméra à l’épaule, en site naturel, ce film est touchant, poignant et très bien réalisé.

Dans les bonus du DVD, on découvre les difficultés de tournage de Li Yang, dont c’est le premier long métrage (2003), les policiers, de mèche avec les patrons sans scrupules, qui empêchent le tournage, les heures passées à 80 mètres de profondeur pour filmer au plus proche de la réalité, risquant à chaque instant l’effondrement…

Synopsis :

Une claire matinée d’hiver dans le nord de la Chine. Song et Tang ont une rude journée devant eux, dans l’une des nombreuses mines de charbon de la région. Chaolu, le frère de Tang, arrivé là depuis quelques jours, les accompagne.
Au fond du puits, c’est le drame : Song et Tang tuent Chaolu à coups de pioches. Ils provoquent ensuite l’effondrement de la mine et quittent sains et saufs le lieu de « l’accident ». Simulant un profond chagrin dû au décès du frère, ils exigent du propriétaire de la mine le paiement d’une indemnité, faute de quoi ils préviendront les autorités de l’accident.
De crainte que l’on découvre l’exploitation illégale de sa mine, le propriétaire satisfait à leurs exigences. Après avoir encaissé l’argent qu’ils envoient à leurs familles, ils se mettent en quête de leur prochain « parent »…

Le film repose sur la tension existant entre les deux protagonistes, héros macabres de l’histoire. Deux paysans prêts à tout pour empocher 15 000 RMB (environ 1400 €) le salaire de toute une vie ! Mais une somme dérisoire au vu de leur acte, l’assassinat pur et simple d’un de leurs collègues….

Ours d’Or à Berlin, le film a été interdit en Chine, alors que le réalisateur ne dénonce « que » les patrons fourbes, pas les autorités !
Li Yang plonge dans les profondeurs de la Terre, mais également dans les bas fond de l’âme humaine; où le prix d’une vie ne vaut pas grand chose…

A la différence de certains films, celui-ci ne se veut ni larmoyant, ni épique, il ne fait que présenter une histoire (tirée d’une histoire vraie), celle de deux hommes désireux de nourrir leur famille, quel qu’en soit le prix moral.. Jusqu’au jour où, cherchant leur nouvelle victime, ils tombent sur un gamin de 16 ans, cherchant de quoi payer ses études, dont le père est absent depuis des années, ne donnant aucun signe de vie, car travaillant quelque part pour ramener quelques subsides à sa famille.
L’un des deux compères se prend d’amitié pour ce gamin, du même que le sien qu’il a laissé derrière lui depuis longtemps.

Vie dans les campagnes, vie dans les mines, prostitution, perte des repères, pauvreté et survie, sont autant de thèmes que l’on voit dans ce film surgir au fil de la pellicule.
Brilliant, émouvant, une histoire simple mais saisissante de cette Chine qui se développe sur le dos de sa masse laborieuse

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5 réflexions au sujet de « Blind Shaft, de Li Yang »

  1. Je mets ça tout de suite dans ma liste, merci ! Dis, tu l’as trouvé en Chine ou tu l’as vu en France ?
    — Woods

  2. Le DVD est censuré (bani) en Chine mais trouvable chez votre vendeur préféré de DVDs.
    C’est ça le paradoxe chinois. LOL

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